Roger Lapébie : repères biographiques
Naissance à Bayonne le 16 janvier 1911.
En 1917, son père, employé aux chemins de fer, est appelé à Bordeaux.
Dès 1925 Roger pratique la course à pied sous les couleurs de l’Union Athlétique Bordelaise. Il se mesure plusieurs fois à un certain... Jules Ladoumègue.
A 14 ans il entre aux Etablissements Courbu comme apprenti-miroitier. Un camarade d’atelier l’incite à faire du vélo. Souvent, après le travail, les deux amis partent s’entraîner. Roger se découvre une vocation. Il emprunte un vélo de piste et s’engage dans la « Médaille bordelaise », dont il gagne aisément les épreuves de qualification. Il s’apprête à disputer la finale quand les organisateurs découvrent que, pour pouvoir courir, Roger a triché sur son âge, se faisant passer pour un garçon de 16 ans. Il est disqualifié.
Deux ans après ses débuts, grâce aux nombreuses victoires remportées, dimanche après dimanche, sur les vélodromes de Bordeaux, Angoulème, Tarbes, La Rochelle... il peut enfin acheter son premier vélo. Il abandonne alors progressivement la piste et devient le meilleur routier amateur du Sud-Ouest.
En 1929, il décide de tenter sa chance à Paris. Il intègre le Vélo-Club de Levallois, le plus prestigieux de l’époque, et rejoint bientôt les meilleurs cyclistes français au camp d’entraînement de Jouy-en-Josas.
Dès la saison suivante, en 1930, Roger Lapébie remporte sa première grande épreuve, le Championnat de Paris, devant Le Grevès et Horner. Les organisateurs sont tellement stupéfaits qu’ils prétendent s’être trompés sur le décompte des tours et imposent aux coureurs un tour supplémentaire (10 km). Mais ce qui était arrivé au tour précédent se reproduit : Roger gagne à nouveau... devant le même Le Grevès. Cette fois c’est indiscutable !
1932 : Roger lapébie passe professionnel et participe à son premier Tour de France aux côtés d’André Leducq, qui teminera premier à Paris. Pour sa part il gagne une étape (Gap-Grenoble) et finit 23eme au classement général.
1933 : Roger remporte le Championnat de France devant Antonin Magne ainsi que plusieurs classiques parmi lesquelles Paris-Saint-Etienne, Paris-Angers, le Circuit du Morbihan et le Grand-Prix de l’Echo d’Alger, se hissant ainsi parmi les meilleurs français.
1934 : c’est la grande année de l’Equipe nationale dans le Tour de France : 19 victoires d’étapes sur 23 ! Lapébie réalise le meilleur score en s’adjugeant 5 d’entre elles et en terminant 6 fois second. Malagré un excellent travail d’équipier en faveur d’Antonin Magne qui l’emportera à Paris, il termine troisième de l’épreuve et monte sur le podium.
Il remporte aussi un second Paris-Saint-Etienne, Paris-Vichy, le Critérium National et deux étapes de Paris-Nice.
Premier à l’arrivée de Paris-Roubaix, il sera disqualifié pour avoir terminé l’épreuve sur un vélo d’emprunt, suite à une crevaison.
La saison suivante Roger Lapébie gagne pour la troisième fois Paris-Saint-Etienne mais surtout, il triomphe dans Les Six Jours de paris avec son équipier Maurice Archambaud devant les vedettes italiennes Guerra et Olmo, réalisant avec lui un score de 3341 kilomètres !
1936 : excellent année pour Guy Lapébie, frère cadet de Roger, qui revient des Jeux Olympiques de Berlin avec deux médailles, dont une en or, dans les épreuves de poursuite. Mais saison en demi-teinte pour Roger qui gagne tout de même quelques classiques dont le Grand-Prix deVichy et le Circuit International de Parme.
1937 : Roger commence par empocher Paris-Nice et le Critérium National. Puis vient le Tour de France et cette petite révolution technique : le dérailleur, autorisé pour la première fois dans l’épreuve.
Roger souffre d’une hernie lombaire et hésite longuement à prendre le départ. Finalement il décide de courir le risque. L’Equipe de France est vite décimée avec les abandons de Spiecher, Archambaud, Le Grevès, Thietard.. Lapébie prend du retard en début de course. A Grenoble il a 24 minutes de retard sur le leader, Gino Bartali.
Il se surpasse dans l’étape Briançon-Digne, franchissant les cols de l’Izoard, de Vars et d’Allos dans le groupe de tête avant de rallier Digne avec trois minutes d’avance.
Bartali, accidenté, abandonne. Le belge Sylvère Maes, déjà vainqueur l’année précédente, prend le maillot jaune.
A l’entrée des Pyrénées Roger occupe la troisième place du général. La tension monte dans la caravane... Quelques minutes avant le départ de Luchon, tandis que Roger procède à une séance d’échauffement son guidon se brise net. Quelqu’un l’a scié pendant la nuit !
A Pau, dernière étape décisive, Roger termine second derrière un espagnol. Les belges, déstabilisés, accusent les français de tricherie et abandonnent collectivement.
Roger endosse le maillot jaune à Bordeaux et le conservera jusqu’à la victoire finale, remportant au passage un contre-la-montre et une étape en ligne. L’italien Vicini terminera second à plus de 7 minutes.
Deux ans plus tard, dans Bordeaux-Paris, un accident interrompt brusquement sa carrière. Tandis qu’il effectue son tour de piste, à l’arrivée au Parc des Princes, il percute une gâche en fer, sa rotule éclate en morceaux. Un habile chirurgien évitera de justesse l’amputation.
Roger Lapébie est mort à Pessac le 12 octobre 1996.