À propos de L’invisible par Jean Perret
* Extrait du catalogue 2005 du festival international de Nyon « Visions du Réel ».
« Intense plaisir que de voir une intelligence en action, sans qu’aucun artifice de réalisation ne vienne parasiter le spectacle d’un homme, d’un visage, d’une voix s’exprimant à propos de notion ardues et passionnantes. Nous sommes à La Borde où Nicolas Philibert a tourné La Moindre des choses. Cette clinique est dirigée par le psychiatre Jean Oury, que le cinéaste rencontre. Plans fixes, quelques fondus au noir rythment les articulations de la pensée. Des notions telles que « balayeur » et « pontonnier », « ambiance », « veillance », « entours » ou « sous-jacence », des expressions telles que « faire des greffes d’ouvert » ou « ça va de soi/ça ne va pas de soi » paraissent au premier abord simples, mais Oury en détaille avec une prestance charismatique la complexité. Les enjeux sont rappelés à plusieurs reprises, l’esprit est à la résistance à l’endroit d’une certaine tendance de la psychiatrie traditionnelle et de ses programmes thérapeutiques. Oury évoque le film de Philibert, qui témoigne de la vie quotidienne, de la question du transfert et des désirs inconscients qui les guident, des notions force de sa réflexion. Il détaille à quel point ce qui relève du non visible est essentiel à la vie comprise dans son irréductible polyphonie et hétérogénéité... »