Nicolas Philibert est né à Nancy en 1951, a grandi à Grenoble et vit à Paris depuis l’âge de 20 ans. Après des études de philosophie il se tourne vers le cinéma et débute comme stagiaire puis assistant-réalisateur, notamment auprès de René Allio et Alain Tanner.
En 1976, il se lance – avec Gérard Mordillat – dans la réalisation d’un premier long métrage documentaire, La Voix de son maître (1978), dans lequel une douzaine de patrons de grands groupes industriels (L’Oréal, IBM, Thomson, Elf…) parlent du pouvoir, du commandement, de la hiérarchie, des syndicats… esquissant peu à peu l’image d’un monde futur dominé par la finance.
De 1985 à 1987, il signe plusieurs films de montagne et d’aventure sportive pour la télévision. Cette parenthèse refermée, il s’engage dans la réalisation de longs métrages documentaires qui seront tous distribués en salles, à commencer par La Ville Louvre (1990), dans lequel un grand musée dévoile ses coulisses à une équipe de cinéma, ce qui n’était encore jamais arrivé.
Suivent Le Pays des sourds (1993), Un animal, des animaux (1995), La Moindre des choses (1997) – à la clinique psychiatrique de La Borde – ainsi qu’un film-essai avec les élèves de l’école du Théâtre National de Strasbourg : Qui sait ? (1998)
En 2001, Nicolas Philibert tourne Être et avoir, sur la vie quotidienne d’une école « à classe unique » dans un petit village d’Auvergne. Ce film connaîtra un immense succès en France et dans le monde entier.
Avec Retour en Normandie (2007), il revient sur les traces d’un autre film tourné 32 ans plus tôt par le cinéaste René Allio, avec des non-professionnels, pour la plupart paysans, dans les rôles principaux : Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère…. Alors jeune assistant, Nicolas Philibert avait passé trois mois à les recruter, de ferme en ferme…
Avec Nénette (2010), tourné à la Ménagerie du Jardin des Plantes à Paris, il nous entraîne dans un étrange face à face avec la doyenne des lieux : une femelle orang-outan, en captivité depuis 37 ans.
Dans La Maison de la radio (2013) il plonge au cœur de Radio France, à la découverte de ce qui échappe habituellement aux regards : les mystères et les coulisses d’un media dont la matière même, le son, reste invisible.
Tourné à Montreuil au sein d’un institut de formation en soins infirmiers, De chaque instant (2018) s’attache à montrer les hauts et les bas d’un apprentissage difficile au cours duquel les élèves, souvent très jeunes, se voient très tôt confrontés à la fragilité de la vie.
En 2023, Sur l’Adamant, premier volet d’un triptyque tourné au sein du pôle psychiatrique Paris Centre reçoit l’Ours d’or de la 73e Berlinale. Les volets suivants, Averroès & Rosa Parks, du nom de deux unités de l’hôpital psychiatrique Esquirol (Charenton), et La Machine à écrire et autres sources de tracas sortent en salle l’année suivante.
Depuis 25 ans, plus de 130 hommages et rétrospectives des films de Nicolas Philibert ont été organisés de par le monde, du British Film Institute (Londres) au MoMa (New York), de la Cinémathèque Royale de Belgique à la Cinémathèque française, en passant par Amsterdam, Athènes, Barcelone, Beijing, Beyrouth, Berkeley, Berlin, Bogota, Bombay, Bratislava, Bucarest, Buenos Aires, Calcutta, Chicago, Copenhague, Damas, Edinburgh, Florence, Genève, Harvard, Helsinki, La Havane, La Rochelle, Lima, Lisbonne, Ljubljana, Madras, Madrid, Melbourne, Mexico, Milan, Montréal, Morelia, Moscou, Munich, Nantes, Nancy, New Delhi, Nice, Parnü, Reykjavik, Rio de Janeiro, Santiago, Sao Paolo, Seoul, Shanghaï, Sidney, Sofia, Stanford, Tbilissi, Tel Aviv, Thessalonique, Tokyo, Vienne, Vilnius, Varsovie, Zagreb, Zürich…
Nicolas Philibert a été co-président de la SRF (société des réalisateurs et réalisatrices de films). Il est membre du Conseil d’Administration de la Cinémathèque française.